Répertorier les bâtiments les plus dévastés, cartographie d’une violence ici certaine.

Qu’au sol du verre menace, saillant entre deux blocs arrachés à une façade. Que la forme des blocs trahissent leur ancien emplacement, un arrondi que je toucherais, un renflement voulu par l’architecte. Que les restes ne soient pas qu’arêtes où se couper. Qu’il y ait aussi cette petite tablette gravée, lettres ensuite dorée indiquant le jour de l’inauguration du bâtiment. Qu’en fouillant encore je trouve de vieilles photos, un extincteur vide et taggé, des chaises (leur dossier : des lanières en caoutchouc peut-être, tendues entre deux tiges métalliques ; assis j’aurais eu peur de m’y appuyer), quelques boîtes déformées par le nombre de documents qu’elles contenaient. Que des détails témoignent des résidents, même leurs poubelles. Que les matériaux se mêlent, comme ce fragment de terre cuite étrangement coincé près des charnières d’un coffre en bois. Que je ne sache jamais qui s’est écrasé en premier. Qu’un livre aux pages arrachées me donne ces quelques lignes : « J’écris pour prendre contact. Je ne veux pas être seul dans cette histoire ».