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berceuse
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avec qui
Quelques feuillets :
1er essai vidéo
un texte en complément
Fiction abandonnée pour le moment, qualité sonore assez épouvantable...
Texte écrit pour le site Pol'art Noir
« J’aime bien les jolies choses, oui, j’aime bien, mais à petite dose
». Comme les peaux, celles lisses mais qui lassaient plus vite. Qui
dilapidaient leurs mystères. Je préférais vos visages flous, images
imprécises, sans aller jusqu’au tremblé. Je préférais un grain
grossier, tout le travail était de vous distinguer.
Car vous étiez mes acteurs, quand vous marchiez quand vous riiez, quand
vos yeux s’imaginaient faire s’évaporer les tissus. Car vous osiez ne
plus brider vos œillades. Je vous voyais exaltés, ceux-là saluaient la
petite caméra, ceux-là remuaient devant elle, longeant la banque.
Vidéosurveillance.
Toutes ces bandes à effacer je les volais avant. Toutes ces heures
perdues pour tous sinon moi ; stratagèmes pour récupérer les images.
Qui intéressé par si peu, des passants préoccupés ou mutins, qui pour
croire qu’il y avait là d’autres subtilités ? Et même vous, voyant ces
bandes brutes, vous auriez cru à des badauds répliqués.
Mais je tenais là vos histoires. Des fragments au moins, à découper
encore. Sectionner vos gestes comme des mots dans un txt. Chaque soir,
chez moi, je vous tenais sous mes yeux, à vous coller les uns aux
autres, à me faire les mêmes films.
Montage.
Vous étiez des comédiens grimés par les défauts de l’image, on en a vu
de ces parasites mangeant les visages, j’en ai retiré des minutes de
neige. Chaque soir rajouter quelques plans à mon histoire, c’est grâce
à vous qu’elle s’étirait, me surprenait, vos gestes comme des
dérapages, des aspérités à moi de les polir.
Ce film de vies soutirées, de mouvements volés, vous ne l’auriez jamais
vu. Je l’aurais oublié, fichier mémoire machine ; cette histoire de
gestes offerts inconsciemment.
Ce film inachevé, puisque vous avez changé. Maintenant que tout est
morne, retenu. La sauvagerie garrottée. Je vole encore des bandes, je
les passe repasse, espérant apercevoir une trace d’avant, une faille
dans vos pudeurs.
Je vous vois à peine. Ce ne sont plus les corps qui traînent des ombres
mais les ombres qui tirent des corps. Elles avancent, on voudrait les
aider tant elles sont lentes, semblent vouloir se délester du peu
d’étrangeté qu’elles conservaient. On voudrait des écarts, se charger
des dérives.
On voudrait, du monde, ranimer la confusion.